Quand je serai jeune, je veux être Jennifer Lawrence

La saison des awards est terminée et j’avoue avoir suivi cela de loin, parce que les 15.000 posts analysant le moindre froufrou sous tous les angles m’amuse moyen. J’en ai retenu qu’Argo a gagné l’Oscar du meilleur film, ce qui est à mes yeux vraiment mérité: c’est intelligent, c’est politique, cela pousse à la réflexion, cela réussit à être tout de même parfois drôle. En plus d’être l’illustration du “plus c’est gros, plus cela marche”, c’est aussi un récit de courage absurde qui en devient admirable. C’est la renaissance de Ben Affleck. Et il y a John Goodman (qui n’aime pas John Goodman?).

Mais ce que je retiendrai surtout de cette saison, c’est l’actrice qui a envahi Tumblr dans une déferlante digne de One Direction (oui, je parle le jeune, parfois), à savoir JLaw. Et pour celles qui se seraient perdues en chemin à la mention de Ben Affleck, JLaw n’est pas la nouvelle orthographe de Jennifer Lopez, noooon. Avis à la Génération X, la nouvelle Queen of the block, c’est Jennifer Lawrence.

Oui, elle est issue d’une de ces trilogies que les ados actuels adorent et non, il ne s’agit pas Twilight (Dieu merci!). Elle nous vient surtout de Hunger Games, ces romans apocalyptiques mettant en scène des tv-réalités un rien plus gore que Les Anges (on me souffle à l’oreille que tout a été piqué à Battle Royale, film japonais culte et que question originalité on repassera). Mais JLaw a enchaîné avec Silver Linings Playbook, le film qui lui a valu l’Oscar de la Meilleure Actrice. A 22 ans, donc. Un film sympa, auquel je n’ai personnellement pas du tout accroché, parce que la mise en scène romantisée à l’extrême de deux personnes souffrant de troubles de la personnalité, au point de prétendre que l’amour sauve de tout, même des troubles psychiatriques, ça me parait plutôt irresponsable et naïf. Soit.

Mais qu’on accroche ou pas au scénario -ou à l’interprétation transparente de Bradley Cooper-, on ressort de ce film avec une évidence: Jennifer Lawrence crève l’écran. Elle est fragile et forte à la fois, elle tient tête à De Niro sans sourciller, elle réussit sans la moindre difficulté à marcher sur le fil du rasoir pour être drôle et touchante dans la même scène, en colère et triste simultanément. On n’a jamais rien vu comme Jennifer Lawrence à l’écran. En fait, pour être exacte, c’est justement ce qui la démarque: elle ne ressemble à personne d’autre, elle ne respecte aucune convention, aucun code, que ce soit sur scène ou dans la vie.

• En interview, elle clâme haut et fort son amour de la nourriture et son refus de faire régime. Et pas une des ces fausses indignations de papier, elle se jette littéralement sur un bol de M&Ms devant la caméra.
• Elle se moque de l’âge, jouant de façon convaincante une amoureuse de Bradley Cooper son aîné et flirtant dans les coulisses des Oscars avec Jack Nicholson (qui pourrait être quoi? Son arrière grand-père?).
• Elle se moque des rumeurs et pose sur tapis rouge en compagnie de Kristen Stewart, la vampire devenue bête noire à Hollywood le temps que son histoire de tromperie soit oubliée.
• Elle se moque des conventions, fustigeant au second degré Emma Stone et -oui, elle a osé- Meryl Streep en se réjouissant de l’avoir emporté à leurs dépens. Sans oublier son doigt d’honneur au moment de poser avec la statuette. L’Académie doit encore s’en remettre. 
• Elle devient égérie pour Dior (le beau et nouveau Dior de Raf Simons, rien que ça, le gros lot de la mode en somme) mais ne s’épanche pas sur sa robe aux Oscars. Pire, elle se plante dans la traîne et réussit à en faire la robe la plus discutée et photographiée de la saison, rejoignant au panthéon celle de Pippa Middleton.
• Elle interrompt les interviews officielles pour se jeter sans pudeur dans les bras de sa famille.
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Bref, Jennifer Lawrence ne s’excuse de rien, ne se compromet pour rien (en tout cas pour le moment) et réussit tout cela sans la jouer stupide et sans se rendre détestable. C’est décidé, je l’aime bien cette fille. Parce que, parmi les décérébrées fadasses qui pullulent (jamais je ne me remettrai de Twilight), il y a enfin une actrice que j’ai envie de montrer à ma fille. Un exemple d’équilibre, de confiance en soi et de simplicité qui me redonnerait presque foi en ces romans à épisodes. Presque.